Histoire de la spiritualité chrétienne : quelques repères
1. Le Nouveau Testament : Insistance sur la nécessité
de la « foi » = la confiance absolue en Dieu et dans le Christ
(les Evangiles synoptiques, Paul) et sur l'expérience d'une
relation étroite avec le Christ (Jean ; – cf. Jean 14,20).
2. Le christianisme « gnostique » : Dans la lignée
de Paul et de Jean, découverte de l'appartenance de l'âme au
Plérôme du Père et mise en valeur de la « gnose »
(gnôsis), de la « Connaissance » expérientielle qui
est réalisation libératrice de l'appartenance au Plérôme.
3. La « gnose » de l'Eglise hiérarchique (Clément
d'Alexandrie IIe s., Origène, † 254, les « Cappadociens »,
IVe s.) : La « gnose » libératrice offerte par le
Christ, sur le fond de l'histoire du salut (récit de l'Ancien
Testament) ; notion de la Grande Ténèbre – l'inconnaissance
(Ex. 20,21 ; 24,15-16) dans laquelle se cache la Splendeur divine.
4. Naissance de la spiritualité monastique (IIIe-IVe s.) :
Les hommes de spiritualité se retirent dans le désert et développent
une pratique ascétique mêlée d'éléments « gnostiques »,
qui leur permet de « monter au Paradis ».
Cf. les Apophtegmes des Pères.
5. L'apport de la théo-cosmologie néoplatonicienne :
Denys l'Aréopagite (env. 500) : Dieu est à la fois
inconnaissable et manifeste, donc connaissable ; théologie
apophatique (= radicalement négative) et cataphatique (= positive :
le déploiement de Dieu). Combinée avec la notion de la
Grande Ténèbre, cette théologie déterminera
toute l'histoire ultérieure de la spiritualité chrétienne.
– Pour l'Occident : Augustin (354-430) est la personnalité clef.
6. La spiritualité monastique du moyen âge :
Benoît de Nursie (480-555/60) et sa Règle ; Bernard de Clairvaux (1090-1153)
(prédications sur le Cantique des cantiques) ; Guillaume de Saint-Thierry († 1148/9) ;
Hugues de Saint-Victor († 1141) ; Richard de Saint-Victor († 1173) ;
François d'Assise († 1226) ; Bonaventure († 1274).
Elaboration détaillée de la Voie ; approfondissement des analyses psychologiques
(cf. les « Victoriens »).
7. La mystique « rhénane » :
Hildegarde de Bingen (1098-1179) ; Hadewijch (autour de 1240) ;
Mechthilde de Magdebourg (1208-1282/97) ; Marguerite Porète († 1310) ;
Maître Eckhart (1260-1328) ; Jean Tauler (1300-1361) ; Henri Suso († 1366) ;
Jan van Ruusbroec (1293-1381). Importance capitale des langues vernaculaires ;
grande originalité et diversité des enseignements et des expériences,
sur la base d'une théologie fondamentalement néoplatonicienne.
Nombre de ces femmes remarquables étaient des béguines
(= des religieuses qui n'ont pas prononcé des voeux).
8. La Réforme protestante, M. Luther (1483-1546),
U. Zwingli (1484-1531), J. Calvin (1509-1564) est profondément marquée
par la spiritualité médiévale, notamment « rhénane ».
C'est grâce à la Réforme que la spiritualité
monastique devient la spiritualité de tout le monde. Par la suite,
cette spiritualité est représentée par Jakob Böhme (1575-1624) ;
Joh. Scheffler (Angelus Silesius, 1624-1677) et le « piétisme ».
9. La mystique espagnole du XVIe s. : Ignace de Loyola (1491-1556)
(techniques de visualisation) ; Thérèse d'Avila (1515-1582)
(le « Château de l'âme ») ;
Jean de la Croix (1542-1591) (la Ténèbre interprétée
comme trois « nuits » : des sens, de l'esprit, de la foi).
10. Le quiétisme : Miguel de Molinos (1628-1696) ;
Jeanne-Marie Guyon (1648-1717). Pratique de la « prière passive »
et d'une vie retirée dans le Christ. Le quiétisme est
combattu par l'Eglise catholique. Du côté protestant :
Gerhard Tersteegen (1679-1769) ; J.-Ph. Dutoit-Membrini (1721-1793).
Cf. aussi George Fox (1624-1691).